La course à l’anonymat, dernier engouement sur les réseaux sociaux.
De plus en plus d'applications assurent protéger l'anonymat des utilisateurs de réseaux sociaux.
Le
scandale de l’agence nationale de sécurité NSA est passé par là. De
plus en plus d’internautes adeptes des réseaux sociaux cherchent à
s’abriter derrière l’anonymat. Cette démarche est à double tranchant :
on peut l’utiliser pour garantir sa confidentialité, mais aussi pour
réaliser des opérations délictueuses.
Le
phénomène n’est certes pas près d’engloutir Facebook, ni Twitter, mais
il se répand… Ecrire ce que l’on veut à qui on veut tout en restant
anonyme, de plus en plus de réseaux le proposent aux internautes
soucieux de se fondre dans la masse. Ainsi l’application Yik Yak qui « vous permet de publier anonymement ou sous un pseudonyme [pour ainsi devenir] la
coqueluche de la ville et ne jamais être découvert. Yik Yak est un
espace ouvert où n'importe qui peut parler de n'importe quoi ».Converser dans le noir
A la différence des grands réseaux, la diffusion des messages sur Yik Yak est limitée à un rayon de 8 kilomètres, mais personne ne peut savoir qui les envoie, l’identité des auteurs est inaccessible. Tant que l’internaute se sert de Yik Yak pour « passer le mot à propos de fêtes, des bars et des événements… », il n’y a pas de quoi fouetter un chat. Mais les sujets diffusés peuvent également prendre une tout autre teinte, nettement moins neutre.
Dans tous les cas, l’anonymat fait recette. Au milieu des nombreuses applications qui surfent sur cette vague, Secret lancée en 2013 a levé récemment 8,6 millions de dollars auprès de spécialistes du capital-risque. Encore mieux, Whisper (chuchotement), deux ans d’existence qui revendique 2,5 milliards de pages vues sur son service, aurait engrangé 21 millions de dollars de financement. Quant à Ask.fm (demander) basé en Lettonie, il soutient que 35 millions de personnes dans une dizaine de pays ont téléchargé son application pour poser des questions et obtenir des réponses des autres utilisateurs, avec anonymat à la clé.
Il faut croire que ces nouveaux réseaux correspondent à un besoin. Pour la porte-parole de Ask.fm, il s’agit tout simplement de saisir la « chance de communiquer sans craindre les jugements sur ses opinions et croyances ». Dernier-né dans le secteur, Rumr (rumeur) propose lui un service de messagerie en temps réel. Les usagers discutent entre eux, mais sans savoir à qui ils s’adressent. Selon son créateur, il paraît que les ados sont particulièrement accros à ces échanges et que l’anonymat leur permet encore plus qu’à d’autres « de se confier ou d’oser aborder des sujets tabous. C’est comme avoir une conversation dans le noir ». Quant aux dérives que cela pourrait entraîner, motus et bouche cousue…
Anonymat relatif
On connaît pourtant tous les conséquences désastreuses que peuvent avoir des photos de soirées copieusement arrosées, imprudemment postées sur les réseaux sociaux. Des jeunes adultes s’en sont mordu les doigts au moment où ils cherchaient un emploi. C’est justement pour éviter ces répercussions presque indélébiles que les créateurs de ces applications insistent sur la sécurité de leurs réseaux : « Pas de login, sans mot de passe, pas de traces ». On pourrait ainsi partager en toute sécurité ses opinions et ses idées.
Mais ces applications peuvent tout autant devenir de redoutables instruments malfaisants. L’immense majorité des utilisateurs s’en sert pour partager des blagues ou des humeurs du moment. Mais un spécialiste du harcèlement à l’université de Wisconsin-Eau Claire, Justin Patchin, s’inquiète de ce qu’elles donnent de nouveaux outils d’intimidation ou de dénonciation de camarades. Des établissements scolaires ont d’ailleurs tenté d’interdire ces applis suite à des alertes à la bombe ou à de fausses rumeurs.
A l’abri de l’anonymat, les internautes peuvent en effet être tentés de se laisser aller… Mais il faut garder à l’esprit que malgré le slogan « pas de login, sans mot de passe, pas de traces », les sauvegardes effectuées sur les serveurs conservent tous les échanges. En cas de propos illicites, de menaces, de fausses alertes, il est possible de retrouver leurs auteurs grâce à leur adresse IP, ce numéro unique qui permet à l’ordinateur de communiquer dans un réseau. Les opposants des régimes autoritaires en savent quelque chose
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