Le diagnostic posé sans complaisance par
le Cadre partenarial d’orientation et de suivi de l’emploi et de la formation
professionnelle impose des démarches novatrices.
La problématique de l’emploi dans notre
pays se pose avec acuité depuis des décennies sans que des réponses appropriées
puissent y être trouvées. Pour renverser la tendance, les pouvoirs publics ont
lancé plusieurs initiatives dont fait partie le Cadre partenarial d’orientation
et de suivi de l’emploi et de la formation professionnelle. La première session
de cet organisme s’est tenue hier à l’hôtel Salam sous la présidence du Premier
ministre, Oumar Tatam Ly. C’était en présence de plusieurs membres du
gouvernement, dont notamment le ministre de l’Emploi et de la Formation
professionnelle, Mahamane Baby.
Le Cadre partenarial d’orientation et de
suivi de l’emploi et de la formation professionnelle est un organisme
consultatif qui a pour mission d’émettre des avis et de formuler des
propositions sur la base des orientations contenues dans les documents de
politiques nationales de l’emploi et de la formation professionnelle. L’organe
se propose aussi de faire des recommandations sur toutes les questions
d’intérêt national relatives à l’emploi et à la formation professionnelle. Il
ambitionne enfin de suivre et d’évaluer les politiques publiques en matière de
promotion d’emploi et de développement des compétences, en particulier les
programmes en exécution.
Dans son discours d’ouverture des travaux,
le Premier ministre a rappelé que les questions d’emploi et de qualification
des ressources humaines ont constitué depuis près de trois décennies des
préoccupations majeures pour notre pays. Pour y apporter des réponses, des
stratégies ont été mises en place, des réformes entreprises et des projets mis
en œuvre. A ce propos, le chef du gouvernement a souligné que notre pays s’est
doté de cadres référentiels à travers l’adoption d’une Politique nationale de
l’emploi et de formation professionnelle en vue de favoriser une bonne
visibilité et la mise en œuvre d’actions cohérentes pour contribuer au recul du
chômage et de la pauvreté.
Malgré ces résultats, a noté Oumar Tatam
Ly, beaucoup de jeunes et d’adultes restent confrontés au chômage et au
sous-emploi, privant du coup notre pays de ressources contributives à la
croissance économique. Ainsi, des statistiques récentes ont révélé que plus de
86 558 diplômés sont en situation de chômage ; que le taux d’absorption de
diplômés par le marché de l’emploi reste faible (11,73%) ; que 20% des enfants
n’ont pas accès au système éducatif formel ; que 81% des effectifs de l’ETP
sont dans le privé où les formations sont à dominance tertiaire et que près de
32% de la population active travaille dans le secteur informel non agricole
avec une insuffisance de qualification.
UN PLAN D’ACTION SUR DIX ANS. « Ces
chiffres nous interpellent tous. Ils exigent de nous un changement de
comportement et nous imposent d’aller vers des approches novatrices et
davantage d’efforts de mutualisation », a déclaré le Premier ministre. Selon
lui, les grands défis à relever restent la meilleure connaissance du marché de
l’emploi et ses évolutions, la maîtrise des caractéristiques du chômage et du
sous-emploi, l’appréhension du degré de vulnérabilité des actifs des secteurs
productifs et des besoins en qualification et compétences pour l’économie, le
développement des filières compétitives, le renforcement des capacités du
secteur formel et l’amélioration du niveau d’organisation et de performance du
secteur informel. « Pour relever ces défis, S.E. M. Ibrahim Boubacar Kéita,
président de la République, a proposé au peuple malien des objectifs clairs à
atteindre en matière de promotion d’emplois et de développement de la formation
technique sur les cinq années de son mandat », a rappelé le chef du
gouvernement, ajoutant que ces objectifs sont consignés dans le Programme
d’action gouvernemental et se déclinent comme suit : créer 200 000 emplois en
cinq ans ; développer une formation professionnelle de qualité et renforcer
l’offre de formation par la construction et l’équipement de centres de
formation.
Au regard de l’acuité du chômage, du
sous-emploi et de l’insuffisance de qualification des ressources humaines, le
Premier ministre dira que le gouvernement est déterminé à impulser une
évolution significative qui s’est déjà traduite au niveau des réformes institutionnelles
par notamment la création d’un Institut national d’ingénierie de formation,
celle d’un Observatoire national de l’emploi et de la formation
professionnelle, ainsi que la mise en place d’un Cadre partenarial
d’orientation et de suivi de l’emploi et de la formation professionnelle. A
cela s’ajoute l’adoption d’une politique nationale de formation professionnelle
dont l’opérationnalisation se fera à travers un plan d’action sur dix ans,
appelé Programme décennal de développement de la formation professionnelle pour
l’emploi (PRODEFPE). « Avec les réformes institutionnelles du cadre juridique
et règlementaire ainsi que la mise en œuvre du PRODEFPE, le gouvernement entre
dans un véritable changement de stratégie », a assuré le PM.
La première session du Cadre partenarial
d’orientation et de suivi de l’emploi et de la formation professionnelle qui a
réuni les acteurs public et privé de l’emploi et de la formation
professionnelle a été un espace de dialogue de haut niveau, de partage et de
prise de décision sur les questions qui touchent l’emploi, le développement des
qualifications des ressources humaines dont notre pays a besoin et la
problématique de la certification et de la validation des acquis
professionnels.
La deuxième étape de la cérémonie d’ouverture
a été consacrée au lancement du site officiel de l’emploi dont l’adresse est www.emploi.gouv.ml. Ce portail met en relation
employeurs et candidats à la recherche d’emploi. Il contient ainsi un espace pour
les entreprises, un autre pour les demandeurs d’emploi. Le site comporte
également les statistiques officielles de l’emploi, les textes juridiques et
règlementaires en matière d’emploi, une base de données de compétences
nationales.
M. KÉITA
Le 28 février 2014 ESSOR
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