Le processus de recrutement
est un élément clé de la gestion
des ressources humaines,
puisqu’il constitue l’un
des principaux leviers de régulation
de la main d’œuvre alimentant
ainsi l’entreprise des compétences nouvelles dont elle a besoin.
Au flair, qui a
longtemps servi de guide à ceux qui
avaient à conduire des recrutements, a
succédé une batterie de méthodes d’investigation plus ou moins complexes pour limiter les
incertitudes régnant autour du choix des candidats et pour améliorer le pronostic de réussite
professionnelle.
Le choix d’un candidat est
effectivement une affaire trop sérieuse,
pour laisser la place à
trop d’improvisation. Les entreprises ont été conduites progressivement à mesurer l’enjeu et
les conséquences de leur choix, et l’on comprend mieux aujourd’hui le luxe de précautions
dont s’entourent certaines d’entre elles lorsqu’elles procèdent à des recrutements.
Contrairement à une idée souvent répandue le recrutement ne se limite pas aux procédures
de sélection. Le recrutement recouvre un ensemble d’opérations qui s’articulent autour de 3
phases principales :
1. Identification et spécification du besoin
2. Campagne de recrutement et procédures de sélection
3. Intégration dans le poste de travail
C’est au terme de ces
3 phases que l’on pourra évaluer la
réussite d’un recrutement.
L’objectif du recrutement est
d’assurer la meilleure adéquation possible
entre le potentiel
individuel (compétences, aspirations,
possibilité d’évolution d’une personne) et
les
exigences d’un poste.
En fait deux impératifs
mobilisent l’attention des recruteurs,
l’adéquation immédiate au
poste et la capacité d’adaptation de la personne à l’évolution du poste et de la structure.
A. Identification et spécification du besoin
Il est indispensable pour la conduite des opérations de la sélection de partir de la définition
précise du besoin. Celui-ci est lié soit à la vacance d’un emploi, soit à la création d’un poste.
Dans le premier cas on procédera à une analyse de poste à partir de l’existant. Si le poste à
pourvoir est totalement nouveau, le responsable hiérarchique et le responsable recrutement
devront procéder à une définition claire de cette nouvelle fonction à partir des éléments qui
ont motivé cette création.
Une analyse de poste (ou
de fonction) consiste à décrire les
caractéristiques d’un emploi,
ainsi que les conditions
générales de son exercice. Préalable à
une campagne de
recrutement, l’analyse de poste
à de multiples débouchés, puisque les
informations
obtenues vont
permettre, non seulement de définir les
critères de sélection (exigences du
poste), mais aussi d’identifier
les éléments relatifs à l’évaluation de
l’emploi ou à
l’appréciation du personnel …
1
En règle générale, une
analyse de la fonction suit un
protocole qui se déroule en deux
temps. On procède tout
d’abord à une recherche d’informations
pertinentes auprès du
titulaire du poste, lors d’un entretien et/ou à l’aide d’un questionnaire. Ce travail effectué, il
convient de formaliser
l’information recueillie dans une fiche
d’analyse de poste. Ce
document sera ensuite validé par le titulaire du poste, puis par le responsable hiérarchique
direct.
Grille d’analyse de poste
IDENTITE DE L’EMPLOI
Intitulé du poste
Eléments structurels (comment il
travail ?
Sédentaire ? Itinérant ? …)
MISSIONS
Finalités du poste au sein de la structure
ACTIVITES ET TACHES
(A DECRIRE AVEC DES VERBES D’ACTIONS)
Activités :
Ensemble de tâches de même
nature
concourant à un résultat observable.
Tâches :
Opérations types fixant le
déroulement du
travail en fonction des
moyens des
procédures utilisées.
MOYENS ET CONTRAINTES Ensemble
des moyens techniques, humains
et financiers affectés à la
réalisation du
travail.
MODES D’ACCES ET D’EVOLUTION Voies
d’accès et débouchés possibles de
l’emploi
EXIGENCES REQUISES
Ensemble des compétences en termes de :
- Savoir
- Savoir-faire
- Savoir-être
Cette description étant formalisée, il
importera de préciser les exigences du poste, c’est-à-
dire l’ensemble des connaissances,
des aptitudes professionnelles, et des
traits de
personnalité qui seront recherchés auprès des différents candidats.
Cette étape est essentielle puisqu’elle aboutit à la définition d’un certain nombre de critères
de sélection qui serviront de filtres successifs lors de la sélection. Ces critères doivent donc
être pertinents, c’est-à-dire correspondre au besoin réel de l’entreprise non au désir de tel
ou tel responsable.
Du soin qui sera apporté à cette première démarche dépend, pour une
bonne part, la fiabilité du pronostic d’intégration professionnelle des candidats.
De cette étape résulte
également les termes du « contrat »
passé avec un cabinet de
recrutement, si l’entreprise choisit pour la circonstance de s’adresser à un prestataire.
B. Campagne de recrutement et procédures de sélection
La définition de poste et
le profil de candidature étant déterminés,
l’entreprise entame la
campagne de recrutement proprement dite. Elle a le choix entre plusieurs alternatives. Les
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responsables peuvent procéder à
un recrutement interne, lorsque par le
jeu de mutations
ou promotions successives, ils peuvent trouver parmi leurs collaborateurs en place celui ou
celle dont ils ont besoin pour pourvoir le poste en question. Lorsque ce type de recrutement
est systématisé, c’est qu’il s’inscrit probablement dans une perspective de stabilité voire de
réduction globale des effectifs ou/et dans le développement d’une gestion des carrières.
L’autre alternative concerne le recrutement externe. La recherche de candidatures externes
renvoie à des différentes motivations :
- l’examen
des différentes « pépinières » internes
n’a pu aboutir sur le choix d’un
candidat réunissant les exigences jugées indispensables.
- Le
souci d’alimenter le potentiel de
l’entreprise de jeunes diplômés ou de
collaborateurs ayant capitalisé de l’expérience dans d’autres entreprises.
- L’émergence de nouvelles fonctions requiert des compétences que seul le marché du
travail peut éventuellement fournir.
L’entreprise peut par ailleurs
utiliser les combinaisons que lui offre
une recherche
simultanément interne et externe
de candidatures. Cette démarche comparative
peut se
présenter certains avantages, en particulier pour les
entreprises qui ont systématiquement
procédé à des recrutements internes ; cette double approche du marché interne et externe
leur permet de disposer d’éléments de comparaisons sur les niveaux de qualification.
Qu’elle fasse ou non appel à un cabinet de recrutement, lorsque l’entreprise décide de faire
appel au marché du travail
pour détecter des candidatures, elle dispose
de nombreux
moyens de prospection, on peut citer :
- les candidatures spontanées
- les petites annonces
- Les réseaux institutionnels (associations d’anciens, établissements d’enseignement)
- Les réseaux professionnels (Pôle Emploi, APEC, Cap Emploi, Maison de l’emploi, …)
- Les relations personnelles
- L’approche directe (détection de jeunes diplômés lors de « forums emploi », « chasse
de tête » de cabinets spécialisés)
- Les
sites internet spécialisés, les « Job
boards » ou sites emplois sont en
pleine
évolution depuis quelques années
et drainent environ 10% des propositions
d’emplois. Toutefois, ces sites connaissent depuis peu un tassement de leur activité
devant le développement des « sites corporates »
- Les
sites corporates, stimulés par les tensions
sur le marché de l’emploi, les
entreprises développent de plus en plus des « espaces carrières » sur leur propre site
internet, afin d’attirer davantage de candidatures.
Le recours à l’un ou l’autre de ces supports est lié pour une bonne part à la stratégie de
recrutement des entreprises et
aux « segments du marché » auxquels
elles souhaitent
s’adresser. Dans un recrutement de jeunes cadres, par exemple, on préférera élargir au
maximum l’horizon des candidatures
en utilisant les différents accès au
marché du
travail ; au contraire, dans
un recrutement de spécialiste, on pointera
précisément sur
une cible bien déterminée.
La lecture des petites
annonces parues dans différents
médias montre que les entreprises
semblent aujourd’hui accorder un soin
tout particulier pour attirer les
meilleurs candidats.
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Mais plus encore, le
développement de relations privilégiées avec
tel ou tel établissement
ou association d’étudiants et la politique de présence systématique lors des différents salons
ou forums emploi souligne
que susciter des candidatures devient
essentiel dans le
recrutement.
1. L’analyse du curriculum Vitae
Quel
ce soit le vecteur choisi, la candidature se solde toujours par la réception d’une lettre
(manuscrite) et d’un cv. Le processus de sélection débute donc par l’analyse de ces lettres et
cv.
Cette première opération de
tamisage a pour but de retenir les
candidats dont on estime
que la candidature présente
un intérêt. L’examen des candidatures se
fait sur des critères
relativement simples et
objectifs ; ils correspondent à des
éléments précis jugés
incontournables par le recruteur. On peut distinguer :
- Les critères discriminants concernant la candidature, le diplôme (niveau et nature), la
disponibilité, l’expérience professionnelle, les prétentions salariales,…
- Les
critères discriminant concernant la
« forme », absence de cv ou de
lettre
d’accompagnement, lettre trop
standard, mauvaise présentation ou lecture
difficile
de cv.
Cette première phase du processus de sélection se prolonge, pour les candidats qui ont été
retenus, par une série
d’investigations visant à approfondir la
connaissance de leur
motivation et de leur
potentiel, ceci afin d’évaluer
précisément l’intérêt que présente leur
candidature pour le poste à pourvoir.
A ce stade interviennent diverses procédures que l’évolution des modalités de recrutement
tend aujourd’hui à banaliser.
Cerner le plus possible la
personnalité du candidat pour prédire ses
comportement
professionnels et son adaptabilité
au poste de travail est le but
de tout recruteur. Puisant
dans les divers registres et
instruments développés par la psychologie,
le responsable de
recrutement utilisera souvent la graphologie, quelquefois encore les tests psychotechniques
ou les tests d’aptitudes, de
plus en plus fréquemment les inventaires
de personnalité et
systématiquement les entretiens.
La valeur prédictive de
cette instrumentation est davantage reconnue
à l’utilisation
combinée de différentes outils, qui peut faire apparaître des convergences pertinentes, plus
qu’à la mesure opérée, si précise soit elle, par un seul de ces processus opératoires.
L’augmentation de la fréquence
de l’emploi simultané de ces divers
instruments confirme
bien la manière dont ils sont concrètement utilisés aujourd’hui.
2. Les tests dans le processus de sélection
On distingue généralement 3
grands types de test dont la
fréquence d’utilisation est
aujourd’hui inégalement répartie :
- Les tests d’aptitudes sont utilisés pour mesurer ou vérifier le degré de compétences
du candidat sur un registre très précis. Ce genre de tests est plutôt utilisé
pour des
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recrutements d’emplois
d’exécution ; on mesura par exemple,
l’habileté d’un
opérateur à usiner une pièce mécanique, ou la rapidité et la fiabilité d’exécution dans
un travail de dactylographie.
- Les tests psychotechniques s’intéressent soit aux capacités psychomotrices, soit aux
aptitudes intellectuelles (cognitives) des candidats. Bien qu’un peu « démodés » ces
tests constituent encore un
auxiliaire employé dans l’appréciation des
diverses
facultés intellectuelles des individus (intelligence logique, intelligence verbale).
- Les tests de personnalité
ont pour objectif de « lever un coin du voile » qui entoure
le mystère de l’individu. En effet si le diplôme et l’expérience professionnelle restent
des critères déterminants dans le choix d’un candidat pour un emploi, sa motivation,
son « équation personnelle », ses aptitudes relationnelles, en un mot sa personnalité,
sont également des facteurs
éminemment décisifs. Deux types de
démarches
peuvent être envisagés :
Les tests
projectifs
s’appuient pour beaucoup sur certains
développements théoriques et
pratiques de la psychanalyse
(test d’associations de mot de C.
Jung). Un test projectif
consiste à présenter à un individu un matériel le moins structuré
possible (par exemple, les
fameuses tâches d’encre de Rorschach) et à lui demander de la structurer à sa guise dans un
discours de relation à l’image. Cette interprétation de la chose vue ne peut s’accomplir qu’en
révélant, qu’en projetant, la
structure profonde de la personnalité du
sujet. Ce type de
méthode d’exploration de la
personnalité, en édifiant un matériel très
restrictif au plan de
l’information objective, repose
sur l’acte perceptif au sujet et
nécessite des compétences
très spécifiques de psychoclinicien
pour interpréter le discours du sujet.
La nature très
particulière de ce mode
d’investigation ne le rend pas très
approprié au contexte du
recrutement.
Les tests de personnalité (ou questionnaire de personnalité) ont pour objectif d’identifier les
traits dominants et récurrents
des comportements généraux et/ou professionnels
d’un
individu et de rechercher à établir des liens privilégiés permettant de dégager des « types »
de personnalité. Ils se référent implicitement à certaines typologies de la personnalité.
Ces outils (PAPI ? SOSIE ? …) dont la conception initiale remonte à une quarantaine d’années
se sont développés et généralisés dans le monde professionnel beaucoup plus récemment.
Ils ont tous, à peu près, une configuration semblable même s’ils diffèrent quant aux facteurs
de personnalité étudiés et
si certains proposent aujourd’hui des
extensions fonctionnelles
multiples (évaluation de potentiel, orientation professionnelle, …). Les principaux inventaires
de personnalité utilisés notamment
lors des campagnes de recrutement par les entreprises
et les cabinets de consultants sont Performanse-Echo, Sigmund et ses déclinaisons, et PAPI.
Les inventaires de personnalité
ont beaucoup gagné en fiabilité (récurrence
des résultats
pour un même individu ayant passé le test à plusieurs reprises dans des périodes espacées)
et en sensibilité (pouvoir discriminant d’un test permettant de caractériser avec précision les
traits distinctifs d’un ensemble de sujets). Cette amélioration de leur validité augmente leur
« pouvoir prédictif » et
explique sûrement l’utilisation, de plus
en plus fréquente (65% des
recrutements), de ces outils d’aide au recrutement par les recruteurs.
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Imparfaites dans leur capacité à traduire véritablement la complexité
des êtres humaines à
travers des repères significatifs
et fiables, les approches que nous
venons d’énumérer ont
laissé une place pour d’autres méthodes, la graphologie est la morphopsychologie.
La graphologie part du postulat que la diversité des formes d’écriture reflète la diversité des
personnalité et qu’il est
donc possible d’inférer les traits de
personnalité à partir de leur
manifestation graphique
(là encore on voit les liens
étroits avec les approches typologiques
de la personnalité). C’est
une démarche qui n’est pas très
récente dans son principe mais
que les progrès de la psychologie ont permis d’améliorer et de systématiser.
Le travail d’analyse graphologique consiste donc à trouver un lien entre le signe graphique et
le
sens psychologique. Plusieurs composantes graphiques vont être prises en considération
simultanément : la pression, le
type de mouvement, hauteur du corps
des lettres,
l’inclinaison, l’orientation, la
direction des lignes, le degré de
structure, l’angularité, le
prolongement du tracé, l’espacement, afin d’établir le profil psychologique du scripteur. Près
de 90% des entreprises qui
mènent régulièrement des opérations de
recrutement
reconnaissent recourir systématiquement ou très souvent à la graphologie.
A l’instar des vieilles
catégories morphologies et
de tempérament formulé par Hippocrate,
dès le Ve siècle avant JC, la morphopsychologie propose d’établir des liens étroits entre les
caractéristiques morphologiques d’une
personne et sa personnalité. Développée et
actualisée par le docteur le
docteur Corman, la morphologie rencontre probablement plus
de réticences et de
scepticisme que la graphologie, puisqu’à
peine 20% des entreprises
déclarent recourir régulièrement à cette méthode. Ses promoteurs défendent la méthode en
estimant que si des impressions doivent être établies à partir de « l’allure » d’une personne
il est préférable qu’elles soient davantage le produit d’une démarche analytique plus que la
traduction de certains préjugés.
Ces méthodologies (graphologie et morphopsychologie) sont ici énumérées car utilisées par
un certain nombre de
professionnels RH mais bien souvent
l’aspect scientifique reste à
démontrer !
3. L’entretien de recrutement ou le face à face
L’entretien reste sans doute le moyen où peuvent converger toutes les appréciations (faites
par ailleurs) relatives à
l’adéquation entre le profil du poste
et celui d’un candidat. On
imagine mal appréhender les
contours essentiels d’un individu et
établir ses chances
d’intégration dans l’entreprise sans envisager, au moins
au moment décisif de la procédure
de sélection, une relation
privilégiée de communication personnelle. En
dehors des
entretiens de présélection, qui ont lieu dans les premiers moments de la procédure et dont
l’objet est de compléter les
informations sur le candidat pour se
forger une première
impression, l’entretien de
sélection proprement dit se situe au
stade final et a pour but
d’aboutir à une décision quant au choix du candidat à retenir définitivement pour le poste.
A ce stade, les différents candidats encore présents
ayant tous des proximités importantes
avec le profil du poste, il s’agit plus d’un choix que d’une élimination.
L’entretien de sélection doit
satisfaire aux règles de la conduite
d’un entretien « semi
directif » et s’articuler autour de 3 périodes successives :
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- La
préparation de l’entretien est primordiale compte tenu
du temps finalement
limité dont dispose le recruteur pour approfondir la connaissance d’un candidat. Elle
doit permettre à l’interviewer, d’une part de vérifier les exigences et le contexte
du
poste à pourvoir et
d’apprécier les différentes informations
dont il dispose déjà sur
les candidats qu’il va recevoir, d’autre part, de mettre au point un guide d’entretien
(canevas ou conducteur
d’entretien). Les inventaires de personnalité,
dont nous
venons évoqués dans le point
précédent, peuvent servir de support à
la conduite
d’entretien.
- Le
déroulement de l’entretien établit la « relation
de face à face » entre les
responsables de l’entreprise et
le candidat. Au terme de cet entretien
le recruteur
doit pouvoir disposer des
informations propres à faire un choix
définitif quant à la
personne devant occuper le poste. Il s’organise en trois phases :
o La présentation
sert à mettre à l’aise le candidat,
situer le cadre et les
modalités de l’entretien, identifier les interlocuteurs.
o Le développement
cherche à recueillir les données les
plus pertinentes
possibles sur les compétences,
les comportements, les motivations du
candidat. Un ensemble de questions organisées invite le candidat à exprimer
les événements vécus, les
perceptions, les conceptions qui
peuvent traduire
les
traces de ses potentiels et
leur conformité aux exigences de l’entreprise.
Le travail de l’interviewer
est difficile car il suppose des
facultés d’écoute
importantes.
o La conclusion
aboutit à synthétiser l’ensemble des
réponses faites par le
candidat et à lui faire part des principaux enseignements que le recruteur tire
de cet entretien en envisageant éventuellement les étapes ultérieures et leurs
échéances.
- L’exploitation
de l’entretien : L’entretien étant terminé, il
reste à formaliser les
conclusions qui peuvent être faites au sujet
du candidat vis-à-vis du profil de poste,
et des possibilités d’évolution, vis-à-vis des autres candidats reçus en entretien.
La réussite d’un entretien est donc liée aux conclusions ou hypothèses que l’on peut
établir quant à la
pertinence de la candidature considérée et
donc au pronostic
d’intégration du candidat. Mais cette réussite est aussi largement tributaire du type
de relation s’établissant entre
l’interviewer et l’interviewé, du respect,
par
l’interviewer, d’un certain nombre
de règles liées à l’organisation de
l’entretien et
aux conditions matérielles de son déroulement.
Bien que le recrutement et
les
entretiens aient pu être conduits par le
responsable
du recrutement ou un
responsable du personnel, le choix définitif
appartint en
principe au responsable hiérarchique directement concerné par le recrutement.
Le choix d’un candidat ne solde pas la procédure de recrutement. D’une part, parce
qu’un certain nombre d’opérations
administratives vont être nécessaires à la
conclusion de l’embauche (lettre
de confirmation, rédaction du contrat de
travail,
vérification des diplômes), et d’autre part, parce qu’il
reste à intégrer réellement le
nouveau salarié.
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L’expérience de la conduite
du recrutement permet de constater que
si les recruteurs
considèrent l’analyse détaillée des cv et l’entretien comme des procédures incontournables
du recrutement, ils ont par
contre des positions contradictoires à
l’égard des outils de
sélection. Ils émettent volontiers
de virulentes critiques au sujet de
certains outils de
sélection pour mieux qualifier
ceux qu’ils utilisent, alors qu’ils n’ont
finalement guère de
caractères
scientifiques ou d’avantages prédictifs.
Le choix des outils
de sélection n’a donc
pas toujours de fondement strictement objectif. Il est bien souvent fonction :
- de la nature du recrutement (interne ou externe)
- de
la nature de l’emploi, de ses
conditions d’exercice, de ses exigences, de
son
environnement, …
- de la fiabilité et de la valeur prédictives reconnues à ces outils
- de
la capacité de ceux qui auront à
utiliser ces outils et donc de
l’expérience des
recruteurs
- des délais et des moyens dont l’entreprise dispose pour mener le recrutement.
C. Les procédures d’intégration du nouveau salarié
Parfois les précautions dont
s’entourent les entreprises dans la phase
de sélection
contrastent singulièrement avec l’absence d’une véritable pratique d’intégration du nouvel
arrivant. Trop souvent encore la phase d’intégration est sous-estimée dans la procédure de
recrutement et pourtant la réussite d’un recrutement dépend aussi de la qualité de l’accueil
et du soin porté à faciliter l’adaptation du salarié dans la situation de travail.
L’accueil consiste en une présentation du site, des personnes et des activités du service
ou
du département d’affectation et
peut être assuré par le responsable
hiérarchique direct.
Certaines entreprises formalisent
davantage cet accueil en proposant de
véritables
séminaires d’accueil, en remettant
un livret d’accueil, en confiant le
nouveau salarié à un
tuteur. L’accueil se limite
donc à quelques opérations ponctuelles et
se prolonge
généralement par une phase beaucoup plus longue d’intégration.
L’intégration recouvre la
période d’apprentissage et de familiarisation
avec l’ensemble des
tâches à assurer, des procédures à utiliser,
des relations à maîtriser. Cette phase peut être
plus ou moins longue selon
le degré de complexité des tâches, la
durée du cycle des
opérations, les capacités d’assimilation du salarié ; elle peut nécessiter également des stages
de formation spécifiques et
aboutir à certains correctifs dans la
définition de poste. Cette
phase d’intégration ne recouvre
pas nécessairement la période d’essai, qui
n’est qu’une
disposition d’ordre juridique
permettant aux salariés et l’employeur de
confirmer ou non
leurs engagements respectifs au regard du contrat de travail.
Au terme de cette phase d’intégration, les responsables doivent être en mesure d’apprécier
si le nouvel embauché
correspond bien aux attentes qu’ils
s’étaient fixées pour ce
recrutement.
Dans le cas où un
décalage important est constaté entre les
espérances fondées sur le
candidat et la réalité de
son comportement professionnel, deux alternatives
peuvent se
présenter : soit la
personne est jugée inadaptée au poste
mais capable d’évoluer vers une
autre fonction que l’on peut
lui réserver, soit elle est considérée
comme totalement
inadaptée aux situations
professionnelles de l’entreprise et dans ce
cas le licenciement
8
demeure la seule issue. De
toute manière, l’entreprise est contrainte
à recommencer une
opération de recrutement.
Grâce au recrutement
l’entreprise assure le
renouvellement de ses effectifs et l’acquisition
de nouvelles compétences.
L’ensemble de la procédure a un coût
important. Les
précautions, dont les entreprises
s’entourent pour trouver celles ou ceux
dont elles ont
besoin, ne paraissent pas injustifiées.
Pour autant les méthodes
utilisées sont loin d’être infaillibles,
quand elles ne sont pas
douteuses. On peut dresser un tableau très critique sur la nature et les objectifs de certains
moyens d’investigation utilisés par les entreprises à l’occasion des recrutements. Certains de
ces moyens constituent des
pratiques très discutables et apportent des
restrictions
importantes à la liberté des
candidats à un emploi (voire rapport
de G. Lyon-Caen « les
libertés
publiques et l’emploi », documentation
française, Paris, 1992, collection rapports
officiels).
Exemples, les questions touchant
à la vie privée d’un candidat,
l’absence de validité de
certaines
méthodes empruntées à la psychologie et ses dérivés, les méthodes irrationnelles
comme l’astrologie ou la
numérologie, et plus globalement une dérive
des pratiques de
sélection touchant désormais davantage la personnalité d’un candidat que sa compétence.
Outre l’instauration d’un principe de transparence en matière de recrutement, le rapport de
1992 proposait la mise en
place d’un ensemble de mesures
réglementaires et législatives
pour encadrer strictement l’acte de recrutement. En fait, après une large concertation avec
les acteurs concernés,
le législateur, ne retiendra que quelques-unes des recommandations
du rapport et définira, sous
forme d’amendement à la loi du 31
décembre 1992, cinq
dispositions nouvelles, afin de « moraliser » quelque peu les processus de recrutement et de
garantir ainsi une meilleur protection des futurs salariés.
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